RESTROSPECTIVE ROBERT ENRICO – LES ANNEES 60

Cinéaste célèbre avant d’être connu : c’est ainsi que pourraient être résumés les quarante ans de carrière de Robert Enrico. Derrière quelques films restés dans les mémoires pour leur succès populaire (Le Vieux Fusil, Les Grandes Gueules, Les Aventuriers), la personnalité du réalisateur, comme une bonne part de son œuvre, restent très largement méconnues.

Figure emblématique de la nouvelle génération de cinéastes indépendants qui émerge au début des années 60, Robert Enrico était pourtant promis au cinéma d’auteur, avec son premier court métrage de fiction, La Rivière du Hibou. Comment expliquer que ce chef d’œuvre, auréolé d’une Palme d’Or en 1962 puis d’un Oscar hollywoodien, soit aujourd’hui tombé dans l’oubli ? Son premier long métrage, La Belle Vie, réalisé la même année, nous fait découvrir un cinéaste socialement et politiquement engagé, qui dresse le portrait libre de la société des Trente Glorieuses à l’aube du consumérisme. C’est aussi et surtout l’un des rares films français qui aborde frontalement la guerre d’Algérie au lendemain des accords d’Evian, et en paiera le prix : une brève sortie, retardée par la censure militaire, le plonge très vite lui aussi dans l’oubli, malgré la reconnaissance critique et le Prix Jean Vigo en 1964.

La restauration des courts et longs métrages des débuts, nous invite à repartir à la rencontre de Robert Enrico, dont la carrière a alterné de grands succès populaires et des récits intimistes restés souvent dans l’ombre. Et comme pour beaucoup de cinéastes de sa génération, les années 60 constituent une décennie d’apprentissage : les films racontent la vie d’un homme, amoureux du cinéma, qui cherche, expérimente, tente, et réussit bien souvent.